Isabelle Lardon et Marcel Brun
Se mobiliser pour la rentrée…
Certes, vous avez encore bien des choses à cultiver dans votre jardin personnel, mais quand le jour arrive, il faut y aller, malgré tout (?), plein de doutes et d’espoirs mêlés, particulièrement cette année.
Construire du nouveau, du différent, du mieux ?… Quelques pistes à partager :
Les nouveautés du premier degré
Les mesures annoncées par le ministère
– Mille professeurs supplémentaires ont été recrutés par liste complémentaire du concours,d’ores et déjà répartis dans le départements pour les urgences de rentrée. Un espace de ressources est consacré aux débutants sur Eduscol
– l’organisation de l’école avec des enseignants surnuméraires (« plus de maîtres que de classes ») est progressivement mise en place, notamment en ZEP.
– 12000 « contrats aidés » sont reconduits, pour la scolarisation des élèves handicapés ou l’aide à la direction, sans pour autant que toutes les situations aient été réglées.
– les stagiaires sont affectés deux mois en binome chez un formateur ou enseignant chevronné, puis suivra des stages filés. Le ministère demande qu’aucun débutant ne soit nommé en CP.
– l’allocation de rentrée (sous condition de ressources) est revalorisée à 356,20 € de 6 à 10 ans, 375,85 € de 11 à 14 ans.
– une liste officielle de fournitures est recommandée
– des mesures sont annoncées pour la scolarisation des élèves handicapés (voir ci-dessous)
– la scolarisation des enfants de moins de trois ans est « encouragée »
– le décret sur l’évaluation des personnels est abrogé
– les vacances de Toussaint débutent le 27 octobre et se terminenent le 12 novembre (une journée rattrapée en mai, vacances d’été le 6 juillet)
– des « emplois d’avenir » seront réservé pour les étudiants boursiers qui se destinent au métier d’enseigant (de la deuxième année de licence au Master 1) et une réforme de la formation est annoncée pour la rentrée 2013.
– une organisation visant à organiser le collège « dans le prolongement de l’école primaire » est prônée, on appelle au renforcement de la liaison école-collège
– on annonce la réorganisation de l’Education Prioritaire pour « lui donner un nouvel élan ».
Le dossier de presse du ministère
La « concertation »
A Paris, et bientôt dans les départements, associations, syndicats, experts et personnalités débattent. Et vous, bientôt, si vous le souhaitez.
De nombreuses commissions de travail se sont réunies, depuis juillet et jusqu’à fin septembre, dans une vingtaine de groupes thématiques organisées à Paris. Evidemment, personne ne sait encore ce qui va en sortir. Les participants soulignent cependant la qualité des échanges et de l’écoute, même si l’exercice est difficile et si on ne sait pas toujours comment concilier « participation » et « expertise ». Mais le défi est immense.
Des réunions sont organisées dans les départements au cours du mois de septembre, sur des thématiques organisées en concertation avec les rectorats. Le SNUipp a demandé qu’une journée soit libérée pour favoriser le débat.
Le site national de la concertation ministérielle
Evénements et publications
Le colloque de la FNAME
La fédération des maîtres E, qui regroupe chaque année plus de mille personnes dans son colloque national, sera à Bordeaux les 25 et 26 octobre, autour d’une question d’actualité : « Le temps en questionS, questionS de temps : construire le temps pour apprendre »
On ne débattra sans doute pas exclusivement de la réforme des rythmes scolaires, mais on prendra le temps d’entrer dans les dimensions psychologiques et pédagogiques de ces notions.
Voir le programme et s’inscrire
Une journée d’études de CGé Changements pour l’égalité
à Bruxelles le 18 octobre : « Exclusions scolaires définitives : des ruptures évitables ?«
Les objectifs de cette journée sont d’alerter sur cette problématique, phénomène qui prend des proportions importantes et qui surtout obère la ré-inscription dans un cursus scolaire, ; mobiliser les acteurs de l’éducation et « envisager des pistes d’actions pédagogiques, organisationnelles et politiques ». Des ateliers et une conférence de Philippe Vienne, sociologue, université de Mons.
Programme de la journée d’études
GFEN, dernier numéro de la revue Dialogue
N° 145 – Du refus d’apprendre au pari de comprendre
En écho avec la manifestation précédente et en convergence de vue entre les deux mouvements (GFEN et CGé), le dernier numéro de la revue du GFEN traite (presque) du même sujet. Celui-ci propose la même démarche de changer de point de vue sur la question (la force du titre) et de relever le défi de redonner à ces jeunes l’envie de « raccrocher ». « Des voies possibles pour inverser les choses ; des pistes de travail pour (re)mobiliser les élèves. »
Analyses et interviews de professionnels qui accompagnent des jeunes au lourd passé scolaire ; pratiques pour construire de nouveaux chemins d’apprentissage.
Le prochain numéro des CRAP/Cahiers pédagogiques
N°499 – L’éducation prioritaire – septembre/octobre
Ce numéro annoncé pour septembre-octobre est présenté de cette façon sur le site : » quelles évolutions des pratiques professionnelles, dans la classe, dans l’établissement, dans le réseau ? De ces établissements trop souvent lieux de relégation sociale et scolaire, peut-on faire des laboratoires pédagogiques pour une véritable école commune ? »
En attendant le n° 500 qui sera largement fêté en octobre…
Le n° 178 de la Revue Française de Pédagogie vient de publier la synthèse du second volet de son analyse de l’Education prioritaire.
» Les politiques de lutte contre les inégalités scolaires d’un pays à l’autre – Coordination Jean-Yves Rochex et Daniel Frandji
Cette rechercher approfondit la situation dan cinq pays très différents (États-Unis, Angleterre, Portugal, Québec, Suisse). Dans l’introduction du livre, Jean-Yves Rochex est assez critique sur le bilan des politiques engagées. Pour lui, au-delà des systèmes éducatifs des pays et des modèles étudiés, les tensions et les questions sont transversales et restent à régler. « Au-delà de cette diversité d’échelles, les cinq articles donnent à voir comment se configurent et se nouent, dans des contextes socio-historiques et des systèmes éducatifs particuliers, des questions, des tensions et des contradictions, voire des apories*, auxquelles tout bilan critique, toute analyse historique ou socio-politique des politiques visant à lutter contre les inégalités scolaires et se proposant, pour cela, d’intervenir dans ou sur les milieux et les contextes « défavorisés » ne saurait échapper.
* contradiction insoluble dans un raisonnement (définition du CNRTL)
Dans la collection « Apprendre »* co-dirigée par Gaëtane Chapelle et Etienne Bourgeois aux PUF, vient de paraitre « Prévenir les violences à l’école », sous la direction des grands spécialistes de la question que sont Benoit Galand (Psychologue du développement, université catholique de Louvain), Cécile Carra (sociologue, université d’Artois) et Marie Verhoeven (sociologue, UCL également). L’objectif du livre, nous dit l’éditeur ici est, plutôt d’invoquer des difficultés individuelles des élèves, « d’interroger le rôle de l’institution scolaire, du fonctionnement des établissements et des équipes, de la pédagogie, des pratiques et des identités professionnelles, dans l’émergence et la régulation des phénomènes de violence. » Bien sûr l’analyse, le recul, les apports de la recherche sont nécessaires pour comprendre ce qui se passe dans ces situation fortement « chargées émotionnellement, symboliquement et idéologiquement ». Les articles sont signés, en plus des trois directeurs et entre autres, par Anne Barrère, Rachel Gasparini, Pierre Merle, Bruno Robbes… avec une postface d’Eirick Prairat.
224 pages, 20 €
* A noter que chaque ouvrage de cette collection un vrai travail éditorial pour rassembler, problématiser et relier entre eux les différents articles de ces livres, en donnant en écho des comptes-rendus de lectures, des témoignages de pratiques, etc… Cela en facilite grandement la lecture. Et l’exercice n’est pas si courant qu’il faille le souligner.
Toujours aux PUF mais dans une autre collection (Education et société, dirigée par Agnès Van Zanten), une contribution sociologique importante sur un sujet récurrent vient de paraitre : « Les devoirs à la maison : mobilisation et désorientation des familles populaires ».
Docteur en sciences de l’éducation, Séverine Kakpo travaille à l’Université de Rouen et au Laboratoire CIRCEFT-ESCOL (Université Paris 8). C’est le sujet de sa thèse, préparée sous la direction de Patrick Rayou, avec qui elle avait publié « Faire ses devoirs » aux PUR. « Mobilisant les résultats d’une enquête ethnographique, cet ouvrage étudie les pratiques familiales d’accompagnement des devoirs en milieux populaires et leurs rapports aux attendus scolaires.« , nous précise l’éditeur, ici.
Comme le soulignent aussi les travaux de Pierre Périer sur le sujet, rassemblés dans « École et familles populaires, sociologie d’un différend », on y apprend que les familles populaires ne se désintéressent pas de l’école et se mobilisent autour des devoirs et des enjeux d’apprentissage. Mais la méconnaissance des codes de l’école et les différences de points de vue peuvent entrainer des malentendus, mis au jour par cette enquête effectuée au sein même des familles. L’exemple de la lecture est significatif de la désorientation des familles.
Alors qu’on interroge plutôt les enseignants, cet ouvrage a le mérite de nous faire plonger dans le quotidien de la vie des familles de milieu populaire, et mesurer concrétement l’écart entre certaines normes familiales et celle de l’Ecole.
Scolarisation des élèves handicapés : ça bouge ?
Dans l’ASH, beaucoup de lignes ont bougé ces derniers mois, avec des notions nouvelles, des pratiques nouvelles, des partenariats nouveaux… Et toujours peu de temps offert aux enseignants pour la mise à distance et la réflexion collective. Le point sur les nouveautés institutionnelles.
Le site du ministère sur la scolarisation des élèves handicapés a été mis à jour. Il est un entrefilet qui peut passer inaperçu : des formations seraient organisées pour les enseignants scolarisant des élèves handicapés dans leurs classes ordinaires. Aucune précision n’est apportée concernant l’échelon de leur mise en oeuvre, l’impulsion donnée à cette action, les échéances, les modalités. Une simple petite phrase : « À la rentrée 2012, des modules de formation sont proposés aux enseignants des classes ordinaires pour les aider à mieux appréhender les besoins éducatifs particuliers de ces élèves ». Pourvu que les départements aient les moyens et l’ambition de s’emparer tous de la question !
Tous les principaux textes officiels depuis la loi de 2005 figurent sur le site du ministère.
La nouvelle donne concernant les AVS y figure. Une nouvelle mission d’accompagnement des élèves handicapés par les auxiliaires de vie scolaire a été définie. On distingue désormais les AVSi (pour l’aide individuelle) et les AVSm (pour l’aide mutualisée). Cette forme d’aide permet « d’offrir aux élèves qui ne nécessitent pas une attention soutenue et continue, une aide souple, disponible à proximité immédiate en fonction de leurs besoins. » Le décret est paru le 23 juillet dernier. Le café s’en est fait l’écho cet été.
Le ministère a fait paraitre au BO n°30 du 23 août 2012, la liste des formations proposées dans le cadre des MIN (modules d’initiative nationale), formations dans le domaine du handicap considérées comme de la formation continue pour les enseignants spécialisés. L’accent est mis sur le développement de compétences pour l’enseignement aux élèves sourds ou malentendants : 8 formations sont prévues pour apprendre la langue des signes et se perfectionner dans le cadre du CECRL. Un stage est consacré à enseigner en langue des signes, c’est ce que demandent les PASS (Pôles pour l’accompagnement à la scolarisation des jeunes sourds dans un texte officiel datant de 2010) et les associations de parents, qui nous invitent à considérer cette langue comme une vraie langue.
Les centres de formation sont prioritairement l’INS HEA à Suresnes et l’IUFM – université Claude-Bernard à Lyon 1. Les stages durent une à deux semaines, trois pour la LSF.
Pour s’y inscrire, il faut faire connaitre ses intentions à votre IEN ASH qui décidera en fonction des choix faits dans le département en matière de formation continue. Les DSDEN (ex-inspections académiques) prennent en charge les frais de déplacement et d’hébergement et les rectorats les frais de formation.
La prise en compte du handicap dans la société : 2 initiatives à souligner
Un tour de France de l’accessibilité en fauteuil
Deux étudiants grenoblois en psychologie, se sont livrés du 2 au 17 août à une expérimentation urbaine : tester l’accessibilité de la ville aux fauteuils roulants. L’un est tétraplégique, l’autre a participé à une opération « handi-valide » en passant un mois dans un fauteuil. Ils se sont posés 3 jours dans chacune des 5 villes de leur parcours : Lyon, Dijon, Paris, Rennes, Nantes. Ils ont étudié toutes les contraintes liées à la visite touristique d’une ville, transport en commun, métro, accès aux commerces ou à la banque, aux monuments, aux appartements, etc. L’expérience a été soutenue par Talenteo, tous les talents accessibles, à Grenoble, organisme qui se donne comme objectif de réunir le recrutement, le handicap et la diversité pour favoriser l’accès à l’emploi de tous. Bonne initiative.
Voir ici les videos de cette expérimentation
La mallette parlementaire « Handicap » de l’APAJH
Belle initiative que celle de la fédération des APAJH (Association pour adultes et jeunes handicapés) de fournir à chacun des 577 députés nouvellement élus sa « Mallette Handicap 2012-2017 ». C’est un sujet complexe, souvent méconnu des élus. En 10 fiches, l’association dresse un panorama du handicap, expliquant les notions-clés, l’état des lieux, les sigles, les lois, la scolarisation, le travail, la santé… Elle souhaite travailler avec les élus dans un partenariat constructif pour que les choses avancent. De quoi leur montrer qu’ils ont du travail à faire durant leur mandature !